Le jeu d’imitation en crèche

 

Quand on pense aux jeux des tout-petits, on a tout de suite en tête les dinettes, poupées, cuisinières, malettes de docteur ou les ateliers de bricolage. A la maison ou à la crèche, les enfants passent beaucoup de temps à reproduire les gestes observés chez les adultes, à se construire des petits scénarios, seul ou à plusieurs. Parfois ils utilisent des jouets prévus à cet effet, et d’autres fois, ils récupèrent un gobelet, une casserole ou un carton, et c’est parti!

Ces jeux de "faire semblant" sont des « jeux symboliques », selon la formulation de Jean Piaget. Ils sont capitaux dans le développement global de l’enfant.
L’adulte a donc la responsabilité de tout mettre en oeuvre pour favoriser le jeu d’imitation et accompagner au mieux l’enfant.

 

Définition du jeu d’imitation chez l’enfant

Bienfaits du jeu d’imitation pour le tout-petit

Comment favoriser le jeu d’imitation en crèche ?

Définition du jeu d’imitation chez l’enfant

 

La mise en place de la fonction symbolique chez l’enfant

Entre 18 mois et 6 ans, le jeu symbolique apparaît chez l’enfant. Avant cela, le bébé s’amuse à imiter les gestes de ses parents, de sa famille. Il tape des mains en réponse à l’autre, il sourit, il fait coucou. L’enfant reproduit immédiatement le geste qu’il vient de percevoir, il s’agit d’une « imitation directe ». Il s’approprie le comportement pour mieux le comprendre.

Dans un second temps, l’enfant devient capable de reproduire en décalé un geste observé chez l’adulte ou chez un autre enfant. On parle alors d’ « imitation différée ». Il est alors en capacité d’imiter un comportement en dehors de la situation observée. Mais il a aussi la faculté de se représenter mentalement un objet ou une personne qui n’est plus sous ses yeux, par exemple lorsqu’il fait semblant de laver un poupon. La fonction symbolique rejoint donc la notion de « permanence de l’objet », phénomène expliqué par Jean Piaget. L’enfant sait qu’un objet qui vient de disparaître de son champ de regard n’a pas disparu, mais se trouve ailleurs. Cette évolution cognitive permet à l’enfant d’entrer dans le jeu symbolique. Il distingue le signifié (l’objet) du signifiant (le mot, le symbole).
C’est pourquoi, d’après Piaget, le jeu d’imitation favorise le développement du langage.

A quoi sert la fonction symbolique ?

Dans son article « Le jeu symbolique », le psychomotricien Jean-Guillaume Lavielle rappelle que Jean Piaget « fait du jeu une activité essentielle à la construction de la fonction symbolique, de l’intelligence et des apprentissages scolaires ». L’utilisation des symboles pour évoquer des objets absents permet à l’enfant de « ne plus vivre systématiquement dans l’immédiateté ».

L’enfant peut ainsi :

  • anticiper ce qui va arriver (maman revient te chercher après le goûter)
  • prévoir que tel événement peut se produire (si je mords un autre enfant, je vais être grondé)
  • planifier ses propres gestes (si je mets la forme étoile à tel endroit, elle pourra entrer).

On comprend donc toute l’importance de ces jeux, qu’il faut favoriser en crèche, puis en maternelle.

Bienfaits du jeu d’imitation pour le tout-petit

 

Le développement cognitif

Le jeu de "faire semblant" permet à l’enfant de mieux comprendre le monde. L’enfant imite des comportements des plus grands, et il intègre ainsi ces gestes. Les petits en crèche adorent particulièrement préparer le café pour les adultes, faire le ménage ou changer la couche d’un poupon. Ils deviennent alors actifs dans une scène qu’ils ont vécue alors qu’ils étaient passifs, ils prennent des décisions, cherchent des solutions…

Le développement moteur

Au travers de ces jeux, l’enfant améliore également la précision de ses gestes, et donc sa motricité fine. Habiller une poupée, visser, utiliser un stéthoscope, tous ces gestes nécessitent une certaine dextérité. Par la répétition, jour après jour, l’enfant affine ses mouvements.

Le développement langagier

Souvent l’enfant parle tout seul pendant ses jeux. Puis il cherche à entrer en interaction, avec les autres enfants ou avec les adultes. C’est l’occasion pour l’adulte, en posant des questions à l’enfant qui vient le voir pour lui proposer une assiette, d’aider l’enfant à trouver les bons mots, à développer son registre langagier (« Qu’est-ce que tu m’apportes ? », « Est-ce que c’est du thé ? du café ? »).

Le développement psychoaffectif

Dans le jeu d’imitation, l’enfant joue des rôles et simule des scènes de son quotidien. Il prend conscience de lui-même et des autres. Il peut par exemple répéter une scène vécue en grondant sa poupée ou en lui donnant à manger. Il intègre ainsi les règles de vie en société, et le jeu lui sert également d’exutoire pour gérer ses émotions. En grandissant, les jeux vont se complexifier au gré de son imagination et de sa créativité.

L’adulte a alors un rôle prépondérant pour encourager ces types de jeux !

Comment favoriser le jeu d’imitation en crèche ?

 

Donner du temps

Un des rôles de l’adulte est de faire en sorte que les enfants puissent avoir du temps à consacrer, en jeu libre, aux jeux d’imitation. Les enfants ne doivent pas de sentir pressés par les horaires, pour pouvoir laisser libre court à leur imagination.

Aménager l’espace

Bien aménager les espaces jeux en structure petite enfance est également important. Il faut que l’endroit soit attrayant et que les enfants puissent circuler facilement, sans bousculade. Il existe énormément de choix de matériel pour créer un coin dinette, un coin bricolage ou un coin nurserie… On peut également stimuler l’imagination des enfants en mettant à l’avance les petits couverts sur la table ou en installant les poupons dans le berceau ou la chaise haute.
Mais on peut également proposer aux enfants du matériel de récupération (boîtes en carton, cuillers en plastique, récipients de gel lavant…) pour mettre à profit leur créativité.

Proposer des jouets identiques en plusieurs exemplaires

Dans le jeu d’imitation, les enfants aiment copier les gestes des petits copains. Se procurer les jouets en plusieurs exemplaires est souvent très utile, pour éviter les disputes et favoriser les interactions sociales. Si les enfants jouent au coin cuisine, il sera important d’avoir plusieurs assiettes de même couleur, plusieurs couverts, plusieurs verres… ainsi qu’un nombre de chaises suffisant autour de la table.

Intervenir à bon escient en tant qu’adulte

Le jeu d’imitation est un jeu libre. L’adulte est donc présent, à hauteur d’enfant, mais a priori, il n’intervient que lorsqu’il est sollicité par l’enfant. Il est possible de proposer des éléments de vocabulaire, ou suggérer une évolution du scénario. Mais il faut attendre d’être invité par l’enfant à prendre part au jeu et respecter sa liberté.
L’adulte est là pour proposer un environnement sécurisé et stimulant aux enfants. Il est une présence bienveillante pour que l’enfant puisse évoluer au gré de son imagination. Même si l’adulte peut faire des suggestions, c’est l’enfant qui garde le contrôle de son jeu !

Pour aller plus loin

 

« Jouer à faire semblant », Naître et Grandir

« Les jeux symboliques », Académie Orléans Tours

« Le jeu d’imitation, déterminant dans le développement de l’enfant », Suzanne Godot, Les Pros de la petite enfance

« Le jeu symbolique à la crèche », Suzanne Godot, Les Pros de la petite enfance

« Le jeu symbolique », Jean-Guillaume Lavielle

« Les jeux d’imitation et de « faire semblant », Micro crèche Les Papillons

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